Dans un courrier adressé à Elisabeth Borne, Philippe Martinez s'insurge contre le traitement réseré à quatre salariés du gestionnaire d'électricité, qui seront jugés fin février pour avoir saboté le réseau électrique.

Philippe Martinez, le 10 novembre 2022, à Paris ( AFP / SYLVAIN THOMAS )
"Une machination orchestrée par la direction de l'entreprise". La CGT a interpellé le gouvernement au sujet de quatre agents de RTE convoqués par la justice pour des soupçons d'interventions frauduleuses sur le réseau électrique, demandant notamment d'intercéder auprès du gestionnaire des lignes à haute tension pour "stopper" les procédures de licenciement qui les visent.
Les quatre agents de RTE, convoqués devant le tribunal correctionnel de Paris le 28 février, avaient été placés en garde à vue début octobre dans les locaux des services de renseignements, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à la suite d'une plainte contre X de RTE visant des soupçons d'interventions frauduleuses sur le réseau électrique, sur fond de mouvements sociaux en juin et juillet.
"Je vous demande d'intervenir auprès du président (de RTE, ndlr) M. Xavier Piechaczyk pour stopper les procédures de licenciement et revoir la position de l'entreprise qui a l'intention de se porter partie civile et faire condamner lourdement les grévistes", écrit dans une lettre adressée à la Première ministre Elisabeth Borne le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.
Une copie de ce courrier en date du 7 décembre a été adressée à la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, ainsi qu'au Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti et au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Car la CGT dénonce "une machination orchestrée par la direction de l'entreprise": la centrale syndicale estime, d'après des procès-verbaux de la DGSI qui a interrogé les quatre agents, que le directeur de la sécurité de RTE "a saisi directement la DGSI, après que l'entreprise ait déposé une plainte contre X au commissariat de Lille".
"Criminalisation du droit de grève", selon la CGT
RTE a indiqué avoir "informé la section cyber de la DGSI à la suite de la survenance des actes qui relevaient d'une action volontaire, coordonnée et numérique contre un nombre important de postes, et qui concernait des ouvrages à très haute tension (400.000 V), colonne vertébrale du système électrique européen". Elle estime qu'il s'agit d'une "procédure habituelle" pour ce type d'action et indique que "le procureur de la République, et lui seul, a décidé de saisir la section spécialisée en matière de cybercriminalité", laquelle a "ensuite désigné la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) comme le service enquêteur".
Une appréciation contestée depuis le départ par la CGT: Philippe Martinez estime qu'il s'agit d'"actions symboliques" sur l'outil de travail: "Utiliser un ordinateur pour passer la commande des postes électriques +en local+ ne constitue pas une cyber-attaque. L'inhibition de la télécommande des appareils n'a pas d'effet sur des installations qui fonctionnent en mode automatique", indique-t-il dans sa lettre. Au terme d'une enquête interne, RTE a récemment signifié aux quatre salariés lors d'entretiens préalables, envisager leur "mise à la retraite d'office", ce qui équivaut à un licenciement, a indiqué le groupe à l'AFP.
Les quatre salariés sauront dans les tout prochains jours si cette sanction est prononcée ou non. Lors de leur placement en garde à vue, la Fédération CGT de l'énergie avait dénoncé une "criminalisation du droit de grève", visant à "faire taire les revendications salariales".
16 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer